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Céline Revel-Dumas : "La GPA, c’est l’anti-liberté pour la femme"
Une mère porteuse dans une clinique en Inde.
SAM PANTHAKY / AFP

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Céline Revel-Dumas : "La GPA, c’est l’anti-liberté pour la femme"

Le grand entretien du jeudi

Propos recueillis par

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Dans un ouvrage glaçant et courageux, « GPA, le grand bluff » (éditions du Cerf), la journaliste Céline Revel-Dumas écorche l’image d’Épinal de la femme gonflée d’hormones accro aux grossesses et aux accouchements prête à porter l’enfant d’un couple infécond et en souffrance par altruisme.

Marianne : Début septembre s’est tenu à Paris le salon « Désir d’enfant » qui a fait la promotion de la procréation médicalement assistée (PMA), légale en France, et des mères porteuses (GPA, gestation pour autrui), rigoureusement interdites sur le papier. D’après vous, s’agit-il d’une tentative de banalisation des mères porteuses auprès du grand public, une préparation des esprits à une légalisation inévitable ou un non-événement ?

Céline Revel-Dumas :Le salon « Désir d’enfant » a toutes les allures d’une nouveauté qui tenterait de s’imposer dans le paysage français pour amadouer les esprits et défier la loi. C’est précisément le contraire. Ne nous méprenons pas. Si une telle démonstration de force est permise, c’est conséquemment à un long processus de modelage des esprits et des cœurs et à une suite de décisions judiciaires acquises à la cause des partisans de la GPA. En France, la pratique est non seulement interdite, mais passible d’une amende et d’une peine d'emprisonnement.

Et pourtant, les agences de gestation pour autrui et cliniques étrangères organisent des réunions d’information en France pour recruter des patients-clients depuis des années sans que le ministère de l’Intérieur ne juge bon d’intervenir. L’Internet français et ses réseaux sociaux fourmillent de commerciaux prêts à répondre au vu et au su de tous aux demandes de candidats à la parentalité par autrui. Des associations françaises épaulent, conseillent, guident et mettent en relation des candidats à la GPA avec des agences qui vendent les services de « mères porteuses » à l’étranger. Des avocats français conseillent même des couples au mépris de la déontologie de leur profession. La GPA a fait son nid en France, depuis longtemps, et l’État regarde ailleurs.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne